Billy alias "the kid" était en train de se promener dans le centre commercial sans rien avoir d'autre à faire que d'observer les autres. Il marchait cela-dit sans s'arrêter depuis une quinzaine de minute et commencer même à penser que les gens le reconnaissant, ayant du faire plusieurs tours pour ne pas avoir à interrompre sa course. C'est à cette idée sans queue-ni-tête qu'il s'arrêta net, se grattant presque la tête pour pouvoir penser à quelque chose à faire. Une occupation, quelle qu'elle soit, lui conviendrait. Une activité, peu importe de quelle nature, était d'une importance primordiale au moment précis.

Même si -il commençait à y penser- il pouvait s'en aller sans demander son reste lorsque lui en venait l'envie. Peu importe, en fait. Il vivait sa vie et n'avait d'ailleurs pas de vrais amis avec qui la partager, il n'avait de compte à rendre à personne et c'était la raison pour laquelle il pouvait franchir la porte de sortie sans avoir à s'expliquer et retourner chez lui.

Bien entendu, comme n'importe qui le devinerait, ce n'était pas ce qu'il allait faire aujourd'hui. Préférant faire quelques tours de plus pour se donner une chance de se divertir plutôt que de rentrer les mains et la tête vide chez lui. Ceci serait l'échec pur et simple de sa journée. La passer chez lui du matin au soir commençait à le rendre malade, et le jeu qu'il désirait développer aux cotés d'Alexey pour posséder, prendre contrôle de la ville, marchait sur place. Autant dire que sa vie, malgré le fait qu'il soit si différent de tout autre jeune homme de son âge, était morne... ennuyeuse.

Il s'était remis en marche pour un nouveau tour du bâtiment, espérant qu'une idée lui tombe du ciel.

Et cela arriva, peu importe ce que les gens en pensent, les miracles arrivent par moment et aujourd'hui était une journée ou ce genre de choses pouvait passer. Autant dire que tout et n'importe quoi pouvait se dérouler, il y restait donc de l'espoir pour ce qui était d'en finir avec l'ennui mortel que subissait William. Bref. Il détourna son tour complet pour dériver vers le cinéma et observa quelques minute l'affiche de la semaine. Rien de ce qu'il voyait ne lui donnait grande information sur le programme. De plus, il remarquait avec tristesse qu'il était le seul à venir sans personne pour l'accompagner en ce lieu de rencontre, de retrouvailles.

Peu lui importait. Au final, ces gens souffraient ou souffriraient de la situation actuelle. Et, si ce n'était pas le cas, Billy s'assurerait que cela leur arrive un jour ou l'autre. Histoire que lui seul, un jour, vienne au cinéma et puisse en profiter. Il secoua légèrement la tête, donc, et choisit un film au hasard, probablement un film d'action plein de testostérone. Il sourit en voyant l'affiche et de nouveau lorsqu'il obtint son tiquet.

Il se dirigea finalement vers le comptoir où se vendaient divers rafraichissement ainsi que de quoi manger pendant la projection. Il restait encore vingt minutes avant que le film -ou plutôt les différentes publicités- soit diffusées sur la toile.

" Passez moi un grand coca-cola et... commença-t-il pour sa commande. Levant l'index comme pour désigner quelque chose de concret, un peu comme tout le monde, un peu perdu au moment de choisir.

Ces derniers temps, Viktor n'avait pas une vie très intéressante. Il oubliait presque le sentiment ressentit lorsqu'il prenait sa forme animale, "sauvage", comme il aimait tant la décrire pour lui-même. Aujourd'hui, c'était une journée en amoureux. Une comme celles qu'ils passait assez souvent depuis que le centre-ville était calme. Le centre commercial offrait la possibilité de sortir sans mourir de froid, lui et sa femme étaient donc assez légèrement vêtu pour errer dans Baïmak. C'était Viktor qui portait leurs deux vestes, les épaules de Rebecca -car tel est son nom-, étaient dégagées. Dressée d'une robe coupée courte assez chique pour un simple cinéma, elle souriait de toute ses dents alors que son mari critiquait un peu toutes affiches accrochées au mur. Il parlait de celles-ci d'un ton ironique, sarcastique, assez drôle en fait. Du moins, cela faisait rire son épouse.

Elle lui tenait le bras tandis qu'ils se dirigeaient tout deux vers le comptoir. Ils allaient acheter deux billet pour le film " Le dernier jour " qui paraissait divertissant. Rebecca avait cru comprendre qu'il y avait une histoire d'amour assez développée et intéressante dans celui-ci. Le policier, pour sa part, n'en connaissait que l'affiche et un trailer d'une demi minute. Le peu d'information qu'il avait décrivaient une suite de scènes d'action complètement déjantée. Ce n'était pas forcément son type de film mais il devait bien avouer qu'il appréciait le fait de ne pas s'ennuyer, assit sur son siège, aux cotés de sa chère et tendre. Passer un bon moment était le plus important.

Ce genre de sortie étaient très importantes pour l'officier de police qui était en train de sauver son mariage. Malgré le fait que Rebecca ne se soit peut-être pas rendue compte de la crise par laquelle passa son mari, il en a beaucoup souffert et a longtemps cru qu'il allait la perdre. Il se devait donc de la faire rire, sourire, plaisir, à la moindre occasion. Il ne manquait donc pas de complimenter sa robe et son apparence tout en, maintenant, se dirigeant vers le coté boissons / snacks.

Ils se contentèrent de prendre une boisson chacun, deux cocas. Un grand pour monsieur, un plus petit pour madame. Il s'en allèrent sans attendre une fois qu'ils reçurent leurs rafraîchissements, traversant la lourde double-porte de la salle dans laquelle allait être projetée le fameux film.

Il traversèrent le couloir d'entrée en silence, se lançant l'un et l'autre des regards amusés. Rebecca est comme ça, profitant de tout, s'amusant dès que l'occasion se présentait. C'était une perle au milieu de Baïmak... toujours positif. Et il fallait avouer que c'était très contagieux. Ils s'essayèrent haut dans la salle, l'avant-dernière rangée. Ils désiraient être tranquilles, rien qu'à deux. Apparemment, ça n'allait pas être bien compliqué. La salle, en effet, était plus qu'à moitié vide.

Viktor posa un baiser sur la joue de sa femme et sourit. La première publicité allait alors commencer. C'était la promotion de la pizzeria "Marcelino" où allait d'ailleurs souvent Viktor quelques années auparavant. Il toussa, plusieurs fois, et tout le monde l'entendirent probablement. Rebecca prit sans attendre un air inquiet, prenant vite peur en voyant son époux cracher ses poumons de la sorte. C'était un phénomène assez récurrents, de plus en plus avec le temps.

" Tout ira mieux quand tu auras arrêter la cigarette. " lui souffla-t-elle avec un grand sourire.

Ils s'étaient mis d'accord pour qu'il arrête de la manière qu'il souhaitait. Ceci sous six mois. Il hocha donc la tête et posa ses lèvres sur les siennes. Geste fort qu'ils ne faisaient plus très souvent.

" T'inquiète pas chérie, c'est rien. " lui répondit-il.

... et des pop-corns. Non, rien de plus. "

Il s'en alla avec ses billets vers l'entrée dans la salle en grommelant qu'il détestait lorsque l'on lui demandait si là se terminait sa commande, que cela ne servait à rien. Une question parfaitement inutile, oui, complètement. Si on a terminé, ça se remarque, non ? Ca sert à rien de demander. Évidemment, lorsque l'on réfléchit un peu plus loin, ils sont probablement obligé de passer par là, de poser cette question, histoire d'éviter tout les malentendus. Même si, pour cela, il leur fallait poser des questions inutiles comme "est-ce tout".

Enfin bref, il avait maintenant les fesses assises sur son siège. Soigneusement placé entre deux places vides. Aller au cinéma seul, voilà ce qu'il faisait lorsqu'il avait du temps à perdre. Et il n'en voulait plus. C'était la raison pour laquelle il désirait avoir plus de contrôle sur le russe et les squatteurs. Mais cela se ferait petit à petit car Alexey ne semblait pas vouloir lâcher ne serait-ce qu'une partie de l'affaire si facilement. Peut-être se rendait-il compte que Billy ne remettrait jamais quelque preuve que ce soit contre lui à la police.

Ce russe était décidément le bon choix pour un tel rôle. Il n'avait pas peur des autorités et, à priori, ne perdait jamais ni son calme ni le contrôle de lui même. C'était un homme de fer aux mains de fer qui connaissait bien ses affaires.

C'est à cette pensée qu'il s'arracha littéralement les yeux du film qui lui semblait de toute manière assez mauvais et qu'il décida simplement de quitter la salle. Il devait travailler sur son "sujet", il devait mettre les choses au clair, à nouveau.