Hiro a la capacité de Voir le Futur sous forme de Vision. Elles sont très aléatoires. Il peut aussi bien en avoir deux à la suite, que deux en deux semaines. Elles lui provoquent des maux de tête, mais qui sont supportables. Lorsqu’il a une Vision, il est incapable de réagir durant ce laps de temps. Ses yeux bruns brillent quand il en a une.
Il était une fois… l’Histoire d’un Jeune Garçon portant le nom d’Hiro Wolfost… Et ce Garçon… Et bien, c’est nul autre que moi. Aujourd’hui, j’ai quatorze ans et je vis dans le Sud de la Ville de Baïmak. J’ai rejoint les Rebelles, sous les ordres de Paulina Jengibarova, dans le but de les aider et d’obtenir la Liberté. Mais… pourquoi les ai-je rejoints ? Je vais vous raconter ma jeunesse…
Je suis né en Hiver, le 24 février 2049 dans le centre-ville de Baïmak. Comme beaucoup d’autres personnes, j’ai eu une vie plutôt tranquille. Oui, j’ai une définition étrange du mot « tranquille ». Vous ne comprenez pas ce que je veux dire depuis le début, logique vu que vous n’avez encore rien lu ! Mais bientôt, tout vous semblera plus clair. Moi, j’essaye d’oublier toute cette Histoire… Malheureusement, notre Passé finit toujours par nous rattraper, n’est-ce pas ? Il suffit que des petits évènements se déroulent sous vos yeux pour que tout vous revienne en mémoire… Et bien pour moi, c’est pareil. C’est donc pour cela que je peux raconter mon Passé avec facilité, tellement j’en suis marqué. Bref. Trêves de blabla inutile.
Quand j’étais petit, mes Parents m’ont raconté que depuis quelques années, des Enfants dotés d’un Pouvoir Magique naissaient un peu partout dans le Monde. D’après eux, c’était la faute à la pollution et aux expériences des Scientifiques. Mes Parents, eux-mêmes, s’avéraient être des Scientifiques assez reconnus. Du coup, ils n’étaient pas souvent à la maison. Ça ne me dérangeait pas. Tant que leur travail leur plaisait, je désirais qu’ils soient heureux. Ils bossaient sur un Projet du nom d’Adam et Ève. Ils souhaitaient créer deux Robots avec une intelligence artificielle parfaite. Je ne savais pas si c’était possible, mais bon. Les Humains Magiques ne semblaient pas les intéresser particulièrement alors que d’Autres Scientifiques recherchaient la véritable raison de l’apparition de ce phénomène hors du commun. Jusqu’au jour où… tout sombra. Les gens changent. Mais pas toujours en bien…
Étant dit que mes Parents travaillaient beaucoup et qu’il arrivait même qu’ils ne rentrent pas à la maison le soir, j’avais appris à me débrouiller seul. Toutefois, grâce à eux et en voulant me montrer digne de leur statut, je ramenais constamment des bonnes notes à l’école. Cependant, je n’avais pas beaucoup d’amis en contrepartie… Tous me prétendaient sans cœur, que seul moi comptais, que les autres n’étaient que des pauvres nuls. Je ne les ignorais pas, ce sont eux qui se faisaient des idées pareilles. Moi je voulais aller vers eux, mais ils me rejetaient aussitôt… Pour eux, j’étais un surdoué qui se fichait des autres. Je me sentais très seul…
Durant l’année de mes dix ans, mes Parents se faisaient de plus en plus absents. Je ne les voyais que lors de rares occasions. Ce fut donc un soir, après les cours, que je me rendis vers le laboratoire de travail de mes Parents. Ils allaient être surpris de me voir, mais je voulais vraiment leur parler. Rien qu’un peu. C’était de justesse si je me rappelais de leur apparence… Lorsque je suis arrivé devant le bâtiment, je ressentis comme un électrochoc dans mon esprit. Je m’écroule à genoux sur le sol, la tête entre mes mains, grimaçant de douleur. Et je vis… quelque chose… le laboratoire… le sous-sol… des explosions… le bâtiment qui s’ébranlait soudainement… des bruits de verres brisés… des cris de terreur… des gens qui couraient… qui fuyaient…
Puis tout ça disparut aussi vite que ça m’était venu, laissant place à un mal de tête énorme. Je me relevais tant bien que mal et courus vers le bâtiment. Alors moi aussi j’étais comme ces Humains… J’étais doté d’un Pouvoir ! Il fallait que je prévienne les personnes qui travaillaient ! Mais qui me croirait ? Mes Parents sans doute ! J’entrai à l’intérieur du bâtiment et demandai à l’accueil où mes Parents se trouvaient. La secrétaire m’avait indiqué l’étage. Je repris ma course jusqu’au cinquième étage. Je tombai nez à nez avec ma Mère. Elle sursauta en me voyant venir de nulle part, essoufflé comme pas deux. Elle me fit vite entrer dans la salle et referma derrière elle. Je vis mon Père en train de parler avec une machine à l’apparence humaine. Toutefois, quand il me vit approcher, il lâcha son engin et nous rejoignit, ma Mère et moi.
J’expliquais rapidement la situation à mes Parents. Ma Vision était décrite de manière assez brouillon tellement je parlais vite. Toutefois, mes Parents me crurent tout de suite. Ils déclenchèrent la sonnette d’alarme. Et comme dans ma Vision, des cris commencèrent à résonner dans tout le bâtiment. Après ça, ma Mère me dit de vite rentrer à la maison pour me mettre à l’abri. Ils leur restaient quelques trucs à faire avant de partir. Mais je refusais de m’en aller sans eux. Le bâtiment trembla soudainement. Et les deux Robots de mon Père émirent des étincelles. Un court-circuit sûrement ! Les étincelles se multiplièrent et finalement, les Robots explosèrent. Nous nous mirent tous les trois à couvert. Puis nous nous relevâmes. Le bâtiment fut secoué à nouveau. Je criais à mes Parents qu’il fallait partir sur le champ. Ils jetèrent un dernier regard à leur Projet avant de me suivre. Maintenant, quand je repense à mon Passé, je regrette beaucoup de les avoir aidés, ce jour-là…
***
Quelques jours passèrent après l’effondrement du laboratoire. Mes Parents tournaient en rond dans la maison. Ils ne savaient pas quoi faire. Leur Projet avait été anéanti. Ils étaient désespérés. Toute gaieté les avait abandonnés. Et je pressentais que ça allait mal tourner… ils ne tiendraient pas longtemps encore dans cet état… mais que pouvais-je faire ? Rien… Cependant, un soir, je découvris qu’ils construisaient un petit laboratoire dans le sous-sol. Ça me redonna espoir. Peut-être qu’ils allaient réussir à remonter la pente et reprendre leurs activités de Scientifique ! Peut-être recommenceraient-ils leur Projet !
J’eus tord sur toute la ligne, on dirait bien. Certes, leur mini-labo avait un objectif. Mais pas du tout celui auquel je pensais. Finalement, j’avais bien parié que ça tournerait mal… tout changea d’un coup, sans prévenir. Je ne savais pas ce qui leur passait par la tête, ils avaient perdu la boule, mais ils refusaient de me laisser sortir. Je ne pouvais plus quitter la maison. Je ne pouvais plus me rendre à l’école, ni voir personne. Ils m’enfermaient constamment dans ma chambre, sans que je ne sache pourquoi. J’aurais pu m’enfuir par la fenêtre, malheureusement, ils l’avaient clôturée de l’extérieur. Que pouvais-je faire à part rester tranquille à ne rien faire et attendre qu’ils me libèrent ? Dès que je leur demandais, ils me répondaient simplement par un petit sourire que je trouvais plutôt… malveillant. Une panique grandissait dans mon cœur. J’avais peur. Très peur… Par moment, des Visions me montrant des scènes affreusement affreuses traversaient mon esprit. Elles étaient très brèves, mais marquantes. Bien que je fusse au courant qu’elles se produiraient dans un Futur proche, je ne cessais de me répéter que c’était faux, que jamais mes parents ne feraient une chose pareille. Et pourtant…
Ce qui devait arriver arriva. Environ un mois plus tard, mes Parents vinrent me trouver dans ma chambre, toujours tout seul. Ce fut aussi le premier jour où ils m’emportèrent dans leur… mini-laboratoire. Ils me donnèrent des médicaments spéciaux pour augmenter la puissance Magique. Enfin, c’était ce que j’avais cru comprendre. Ils me demandèrent d’utiliser mon Pouvoir pour savoir ce qu’ils adviendraient d’eux, pour savoir ce qu’ils devaient faire pour remonter au pouvoir, en vain. Mon Don avait l’habitude de se déclencher de manière très aléatoire.
Plus les jours avançaient, plus mes Parents s’énervaient contre moi. Ils avaient beau « explorer mon cerveau » pour essayer d’atteindre l’origine du Pouvoir, me faire ingurgiter des « drogues » pour le forcer à s’activer plus souvent, me forcer à m’entraîner, rien. Ça ne me causait que des maux de tête supplémentaires et des douleurs mentales et cérébrales. Après la peur, une haine contre mes Parents naissait au fond de moi… Tous les jours, elle grandissait un peu plus. J’avais appris aussi ce que signifiait le désespoir. Et cette haine voulait supprimer ce désespoir.
Voyant que leurs expériences ne menaient strictement à rien, mes Parents commencèrent à me frapper, à me battre pour se venger en me traitant de gamin inutile. Pourquoi me gardaient-ils dans ce cas ? Sûrement parce que j’étais devenu leur souffre-douleur, qui sait… Je souffrais vraiment moralement. Je ne pouvais en parler à personne… Je souhaitais quitter cette maison au plus vite… Je me sentais mal… J’étais maltraité… Mes Parents avaient perdu toute conscience humaine. Je ne pensais pas que perdre leur haut-statut de Scientifiques les avait autant atteints. Ils ne ressentaient plus rien, aussi cruelles soient leurs actions. Comme s’ils étaient devenus des bêtes sauvages… Je voulais tant qu’ils redeviennent eux-mêmes… les Parents qui appréciaient leur travail, qui prenaient du plaisir à partager leurs connaissances…
***
Une nuit, je me réveillais en sursaut. J’avais douze ans. J’avais mal partout, mais encore plus à la tête. Une nouvelle Vision… ça faisait un petit bout de temps que je n’en avais pas eue… les murs étaient en flammes… l’air était étouffant… irrespirable… des toussotements retentissaient… et je me vis étalé sur mon lit à peine conscient, au bord de la mort. Puis je passais rapidement en Vision devant la maison. Elle était toute en flammes… et finalement, j’aperçus mes Parents dans le même état que moi, dans leur laboratoire… sauf que pour eux, je crois qu’il était déjà trop tard… le feu s’était déclenché là-bas… La Vision disparut. J’étais pétrifié par ce que je venais d’assister. Non ! Je ne voulais pas terminer comme ça ! Je devais partir d’ici au plus vite ! Mais comment… ?
La panique m’envahissait. Elle était même plus forte que mon mal de tête. Un moyen de sortir ! Il fallait que j’en trouve un et vite ! Mais tout était verrouillé. Comment pouvais-je faire ? J’avais beau réfléchir, je ne voyais pas de solutions. Alors il ne me restait plus qu’à tromper mes Parents ? Non, ils ne se feraient pas avoir aussi facilement. Sauf si… je leur disais ma Vision ! Ils iraient courir là-bas dans le but d’arrêter le feu ! Ils ne penseraient plus à ma présence sur le coup ! Que deviendrais-je ensuite ? Aucune idée ! Et je n’avais pas le temps d’y songer !
Je me levai de mon lit pour aller appuyer sur le bouton-microphone qui me reliait au laboratoire de mes Parents quand tout d’un coup, une explosion retentit. Mon cœur fit un bond. Quoi ? Déjà ? Non, impossible ! Une alarme retentit dans toute la maison. Alors c’était la fin pour moi aussi… Je retournai m’allonger sur mon lit et me roulai en boule, me résignant à tout espoir de survie. J’allais essayer de m’endormir, ainsi je ne sentirai pas la mort venir. Je fermais les yeux quand j’entendis des bruits de pas se diriger vers ma chambre. Je tournai la tête vers la porte qui s’ouvrit en grand après un cliquetis dans la serrure. Et qui apparut dans l’entrebâillure de la porte ? Ma Mère ! Elle toussa, une main sur la bouche, tout en regardant tout autour d’elle avant de me repérer sur le lit. Elle courut vers moi. Souhaitait-elle faire des dernières expériences sur moi avant de mourir ? Et moi qu’il voulait succomber en paix… Elle arriva près de moi et me secoua comme un prunier.
« Hiro ! Réveille-toi ! Tu dois fuir ! »
Voilà que ma Mère cherchait des excuses pour me faire sortir maintenant. Elle avait vraiment perdu la tête… Je me mis debout, le regard vide, et vacillai. Ma Mère me rattrapa de justesse et passa l’un de mes bras par-dessus ses épaules pour me soutenir. Clopinclopants, nous sortîmes tous les deux de la chambre. Je lui jetai un vague coup d’œil, mais elle observait droit devant elle, avec un air très concentré. Je rebaissai les yeux vers le couloir que nous traversions. Ce fut alors qu’elle prit la parole, bien que je les perçoive difficilement à cause des détonations :
« Hiro… Je… nous sommes désolés pour tout ce qui est arrivé… je… je ne sais pas ce qui nous a pris… je crois que le désespoir nous a rongés tellement que nous avons perdu la raison… je suppose que tu ne pourras jamais nous pardonner ça… mais sache que… ton Père et moi… on t’a toujours aimé et on t’aimera toujours… Il aura fallu que notre laboratoire soit détruit une deuxième fois pour que nous réalisions les erreurs que nous commettions… »
L’air devenait irrespirable. Je commençais à tousser. Les flammes léchaient les murs. D’autres explosions retentissaient. Pourtant, je ne disais rien. Je me contentais d’écouter ce que ma Mère racontait. Mais je dois avouer que j’avais les larmes aux yeux. Ma Mère… était redevenue elle-même. Quelle joie au milieu de tout ce désastre ! Elle poursuivit :
« ‘’ Les hommes qui sont devenus trop malins contrôlent tout dans le monde, comme s’ils étaient des dieux. Les hommes qui ont un pouvoir considérable détruisent les faibles et ne ressentent rien, aussi cruelles soient leurs actions. Comme s’ils étaient des bêtes. Les hommes qui ont progressé trop loin oublient qu’ils sont humains. Je veux que les gens de ce monde réfléchissent. À ce que les hommes devraient être. À la véritable façon de vivre en tant qu’être humain. ‘’ »
Je laissai échapper un hoquet de surprise. Je relevai la tête vers ma Mère qui me regardait. Des larmes coulaient sur ses joues aussi. Toutefois, elle souriait. Elle me souriait… Ces paroles qu’elle venait de prononcer… Elle hocha de la tête, comme si elle avait compris que j’avais deviné.
« Tu te souviens, n’est-ce pas ? Ces mots que tu passais ton temps à nous répéter alors que tu devais souffrir énormément. Nous ne les avons jamais oubliés… Ils arpentaient sans cesse notre esprit, nous remettant en question… Mais le désespoir nous avait trop submergés pour qu’on les comprenne… »
Nous arrivâmes devant la porte d’entrée. Les flammes n’avaient pas encore atteint cet endroit. Ma mère l’ouvrit rapidement. Elle me lâcha le bras qui retomba le long de mon corps. Elle me prit soudainement dans ses bras. Mon Père débarqua en trombe. Il cria qu’il ne parvenait pas à éteindre le feu. Ma Mère me relâcha et me regarda longuement. Mon regard allait de mon Père à ma Mère. Quand je sentis qu’on me poussa vers l’extérieur. Ma Mère venait de me virer dehors et était sur le point de refermer la porte. Je tendis ma main dans sa direction pour l’arrêter. Elle déclara simplement :
« Il nous reste des choses à régler ici, Hiro. Fuis loin. Mets-toi à l’abri et repars de zéro.
- Maman… Papa… »
Je me reculai jusque sur la route et j’attendais là, que mes Parents sortent. Je refusais de partir sans eux, même après tout ce qu’ils avaient fait. Mes Parents restaient mes Parents. Et jamais je ne pourrais les oublier. Cependant, lorsque je vis la maison prendre feu totalement, je compris qu’il était trop tard pour eux. La scène de leur mort dans ma Vision refit surface. J’éclatais en sanglots. Leur dernière chose à faire était en réalité… d’assumer leurs péchés, se faire pardonner pour ce qu’ils avaient commis…
***
Par la suite, je me mis à errer sans but. Où est-ce que je me rendais ? Je n’en avais pas la moindre idée. Je mangeais peu. Mais j’en avais pris l’habitude après ces deux années passées. Toutefois, au bout d’un moment, je finirai bien par mourir de faim. Marcher… marcher… toujours marcher… dormir dehors à la belle étoile… demander de la nourriture aux gens… éventuellement loger chez eux parfois…
De cette manière, je finis par atteindre le sud de Baïmak. À peine arrivé que je m’effondrais d’épuisement. Et je m’endormis… Ça y est. Ma fin était proche. J’étais à bout de force. Durant mon sommeil moitié seuil de la mort, on me secoua. J’ouvris péniblement les yeux et croisai le regard d’une jeune fille. Elle me tendait quelque chose à manger et de l’eau. Elle répétait le mot « Mange. » Je m’assis difficilement et pris ce qu’elle me donnait. Alors elle se présenta : Paulina Jengibarova. C’était la Chef des Rebelles. Ils se battaient contre les Baïmak’s Kids. Après deux longues années, enfermé chez moi, ce qu’elle m’expliquait s’avérait pour moi être totalement incompréhensible. Elle dut reprendre depuis le début. À la fin, elle me demanda comment je m’appelais et si je voulais les rejoindre dans le but de les aider. J’acceptais avec plaisir.